Le jury de ce jeudi 29 novembre 2007 était identique à celui de lundi après-midi, mais pas à celui de mardi.
Le jury est arrivé sans se présenter au public et en retard de douze minutes ce qui a décallé tout l'après-midi.
Il n'a rien d'effrayant en soi. Les questions ne visent pas à déstabiliser les candidates (il n'y avait que des candidates cet après-midi) mais de tenter de les faire réfléchir.
Pour une question à l'une d'entre elles au moins, le président du jour a dû insister sur sa question qui allait dans ce sens : faire réfléchir.
Or, globalement, il ressort peu de réflexions de ces oraux, mais comme on pouvait le craindre, principalement la régurgitation de connaissances, d'ailleurs pas toujours très nettes et adéquates avec les sujets posés, trop le nez dans le guidon pour voir les implications du sujet posé en matière de libertés fondamentales.
Alors que le jury posait ses questions tranquillement, les réponses fusaient sans même réellement y réflichir, d'où des contredits extrêmement nombreux, entraînant de la confusion dans le propos. Une règle essentielle est de laisser le temps au jury de poser entièrement sa question, au besoin, pour gagner un peu de temps de lui faire reformuler sa question, afin de prendre sa respiration avant de répondre afin de commencer par dire le contraire de ce qu'on sait ou qu'on pense savoir. De plus, interpeler le jury n'est pas la meilleure façon d'obtenir son écoute. L'interpellation est peut-être apprise ici ou là, mais franchement, elle ne donne pas une bonne impression.
En effet, le jury est censé ne rien savoir du sujet, et il l'a d'ailleurs montré en s'accordant à chaque fois une minute silencieuse pour lire le cas pratique posé, une minute de gagné pour les candidates pendants laquelle elles doivent également se taire. Cela n'a pas toujours été compris alors même que le président du jury venait de le dire. C'est probablement involontaire, le résultat d'une tension, d'un stress extrême, mais en est-on bien certain ?
Facile à dire tout cela, mais pas facile à faire sans entraînement. Manifestement, certaines candidates avaient les bribes de cet entraînement, mais pas sa complète maîtrise.
Personnellement, j'ai eu plus l'impression d'assister à un petit oral sans beaucoup d'émotions, de saveur, qu'à un grand oral. L'émotion qui est le moteur des libertés fondamentales n'était pas là : sans individu, les libertés fondamentales n'ont aucun sens ; avec l'individu, elles prennent tout leur sens. Ce n'est plus M. X ou l'association Y qui se plaint, mais un être humain, plein d'humanité, de perfections, de défauts, bref, quelqu'un comme tout le monde. Ce quelqu'un, il faut qu'il soit là à travers ses droits, qu'il montre à quel point il veut que ses libertés fondamentales soient protégées. Il n'est pas venu cet après-midi. Il viendra peut-être lundi prochain et son avocat ne mentira par pour lui, en aucune façon. Une question a d'ailleurs été posée en ce sens : l'avocat doit-il mentir (on peut dire aussi "peut-il" mentir) pour son client (sachant bien entendu que le client peut mentir à son avocat, ce qui théoriquement ne doit pas remettre en cause la sincérité de l'avocat ; en pratique, c'est une autre affaire) ?
La réponse, nous la connaissons théoriquement tous, ignorants que nous sommes de ce qui se passe dans les palais de justice où actuellement, le mensonge des uns et des autres s'est tellement généralisé que les juges ne savent plus que penser des dossiers qui leur sont soumis, ce qui les exonère d'une certaine façon de leur "irresponsabilité" pour leurs décisions qui dissimulent en réalité des dénis de justice. Vivement la disparition des plaidoiries pour porter remède à cette déviance inacceptable de nombreux praticiens du droit avec pour contrepartie une étude beaucoup plus approfondie des dossiers, surtout ceux remplis de papiers qui ne servent qu'à l'encombrer et ne sont à l'appuie d'aucun raisonnement. La forêt ne va pas y gagner, mais le droit, la justice, certainement oui.
Cet après-midi, il n'y avait que des cas pratiques pour lesquels les maires ou présidents d'association venait demander des conseils sur les actions qu'ils pouvaient envisager pour les problèmes qu'ils rencontraient. L'écueil a pratiquement été toujours le même : quelle procédure doit-on envisager pour faire quoi, pour obtenir quoi ?
Et là, bien trop souvent, le public d'une vingtaine de personnes au début puis seulement cinq ou six pour la dernière candidate, en restaient quoi. Aucune présence extérieure dans ce public : que des candidats ou de futurs candidats.
Alors, naturellement, la procédure, l'avocat la pratiquera lorsqu'il exercera : ce sera d'ailleurs son rôle le plus important finalement, avant même d'apporter du droit au juge, qui tranchera bien comme bon lui semblera. La procédure, c'est clair, ne doit pas être négligée pour cet oral d'exposé discussion, et pas seulement la procédure civile, mais toutes les procédures, et cet après-midi, particulièrement la procédure administrative pour laquelle la plupart des candidats ont montré leur absence quasi totale de maîtrise.
Elles avaient tout de même d'autres qualités et le jury les retiendra certainement toutes.
Mais les procédures, les procédures... comme si personne n'était allé un après-midi voir de près des audiences en vrai où ces questions sont les premières à être débattues, faut-il le rappeler, et ce en toutes matières.
Des connaissances, il y en avait beaucoup, et pas des moindres.
La conclusion finale que l'on peut temporairement en tirer, c'est qu'il faut d'urgence aller dans un palais de justice pour assister à une audience dès le début, pour voir comment commence par se faire l'appel des côtes, puis quelques plaidoiries. Au civil au TGI, le JEX ou le juge des référés peuvent être particulièrement indiqués. En appel, les audiences du Premier président...
Tient, d'ailleurs, qui peut me dire exactement qui est le JEX d'un tribunal ou qui est le juge des référés d'un tribunal ? Est-ce une personne (un magistrat) ou une fonction ?
(J'aide, tout comme l'a fait le jury cet après-midi, car les réponses sont dans les questions).
Qui peut me dire qui est le Premier président qui siège aux audiences du Premier président de la Cour d'appel ? (La réponse se déduit de la question, car ne croyez-vous pas que le Premier président, appelé aussi "Chef de cour", n'a pas d'autres chats à fouetter, car des Cour d'appel, il n'y en a pas légion (combien d'ailleurs, et combien de TGI avant la réforme Dati) ?).
Qui est le juge de la mise en état ? Va-t-il statuer au fond ou simplement, comme son nom l'indique, mettre en état, et de quoi, le dossier ?
Qui fait des incidents de procédure ? Le juge, les avocats, les parties ? Y a-t-il des actes qui provoquent ces incidents ou quelqu'un vient-il demander au juge un incident ?
Ce ne sont que des questions extrêmement simples pour les candidats qui ont déjà mis un pied dans l'organigramme judiciaire à travers des stages, ou ont passé quelques demi-journées dans des salles d'audience. Il n'y a aucun piège, mais seulement des réflexes à acquérir... plus tard.
jeudi 29 novembre 2007
EXPOSÉ-DISCUSSION AVEC LE JURY LE 29/11/2007
Publié par
Cybercarnet21
à
22:33
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