Les examinateurs du jour arrivent dans l’amphithéâtre d’examen (B4) qu’à 14 heures 07. Il y a à ce moment 4 personnes dans le public. Le premier candidat attend dans l’amphithéâtre depuis 3 minutes.
.
Les notes vont s’étaler de 12 à 18 sur 30.
Aucune mention pour les candidats, cet oral n’étant donc pas déterminant.
Les quatre candidats de cette matinée sont admis.
.
1/ sujet théorique : fichiers et droits fondamentaux
.
2/ sujet pratique : liberté religieuse et contrat de bail – les « cabanes » en copropriété
.
3/ sujet théorique : la responsabilité de l’État pour mauvais fonctionnement du service public de la justice
.
4/ sujet pratique : Soc. 18/10/2006 – pourvoi n° 04-48.025
.
Voici l’atmosphère et les questions associées aux quatre sujets :
.
Pour le premier sujet :
Un public de 1 personne est présent dans l’amphithéâtre.
.
L’exposé dure 6 minutes et se termine à 10h09. Le candidat parle clair. Son exposé porte sur les justifications de la création de certains fichiers et la mise en place d’une protection nécessaire et réglementée.
.
- J0 : pour compléter la loi de 1978, y a-t-il des normes européennes ? la loi de 1978 a-t-elle été modifiée depuis trente ans ?
- la création de fichiers est justifiée par la nécessité d’ordre public : est-ce le seul motif ?
- n’existe-t-il pas des fichiers dans le domaine privé ?
- dans votre vie quotidienne, vous-mêmes êtes dans des fichiers ?
- en tant qu’étudiant, en tant que consommateur internet ?
- s’agissant du fichier des délinquants sexuels, précisez ?
- un fichier d’adresse et un autre fichier ? de quoi a besoin la police ?
- qu’est-ce que la biométrie ?
- qu’est-ce que l’ADN ?
- lors d’une enquête en matière pénale, qu’est-ce qu’on recherche ?
- ce fichier, que contient-il ?
- la CNIL doit-elle intervenir pour tous les fichiers ?
- si on mettait en place un fichier biométrique pour rentrer au restaurant universitaire, la CNIL donnerait seulement un avis ?
- au niveau européen, n’a-t-on pas de décision récente ?
- les AAI (Autorité Administrative Indépendante), à quoi servent-elles ?
- les AAI : deux cas, les unes pour les régulations économiques et les autres pour assure la protection des libertés fondamentales ?
- pourquoi des AAI pour protéger les libertés fondamentales plutôt que les tribunaux ?
- à quoi sert une AAI ?
- avez-vous entendu parler du fichier EDVIGE et du débat autour de ce fichier ? (ndlr : EDVIGE est l’acronyme de « Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale)
- à quoi sert ce fichier ?
- la CNIL a-t-elle admis la création d’un fichier négatif sur le surendettement des ménages ? n’existe-t-il pas un fichier sur les surendettés ? c’est quoi le FICP qui recense les incidents de paiement ? (ndlr : FICP est le sigle pour le fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers ; ce n’est pas un acronyme)
- des droits fondamentaux sont garantis par le loi de 1978 et notamment le droit d’accès et de rectification : tout le monde a-t-il un droit d’accès à un fichier ?
- si vous êtes surveillé par la police ou les RG, êtes-vous au courant de l’existence de ce fichier (ndlr : les RG (Renseignements Généraux) n’existent plus en tant que tels, et sont remplacés par le DCRI – Direction Centrale du Renseignement Intérieur)
- c’est quoi un fichier ?
- c’est tout ?
- avez-vous entendu parler de l’affaire du Sarko-spam il y a deux ou trois ans à partir de fichiers de prospections commerciales ? vous êtes au courant de ce spamming ?
- c’est contraire à quel principe que vous avez cité ?
- « non, pas le principe de but légitime, mais celui de finalité »
- J1 : les « fichiers a contrario » : votre opinion la-dessus ?
- si vous deviez présenter un texte au parlement qui interdirait tout fichier, comment soutiendriez-vous que ces fichiers, notamment commerciaux, sont une atteinte trop grave ?
- J2 : vous avez parlé de la finalité des fichiers en matière répressive : et en matière préventive pour la télésurveillance ?
- votre réaction par rapport à la protection des libertés publiques ? « la vidéo surveille tout »
- vous avez parlé des AAI : sont-elles soumises aux exigences du procès équitable ? avez-vous des exemples ? (le candidat parle de l’AMF – Autorité des Marchés Financiers)
- s’agissant de la vie privée en matière de responsabilité civile, faut-il démontrer la faute et le préjudice ?
- le préjudice est-il contenu dans l’article 9 du code civil ?
- qu’est-ce qu’une exception d’illégalité en matière pénale ?
- devant la juridiction pénale, l’exception d’illégalité, cela fonctionne comment ?
- par la disparition de l’élément légal, la disparition de l’acte administratif qui sert de fondement aux poursuites ; n’y a-t-il pas un autre élément procéduralement avec le parquet poursuivant, un moyen de défense ?
- J2 « j’arrête de vous torturer »
.
Fin à 10 heures 30.
L’examen du premier candidat du jour se termine à 10 heures 30. Le candidat se voit attribuer une note en-dessous de la moyenne et est admis.
.
Pour le deuxième sujet :
Un public de 1 personne est présent dans l’amphithéâtre. Le candidat arrive à 10h35.
.
L’exposé dure 9 minutes et se termine à 10h44. Le candidat bafouiller. Son exposé porte sur la liberté religieuse de manière générale puis sur la liberté de conscience et religieuse entre particuliers.
.
- J0 : « je n’ai pas bien compris votre conclusion » : succès ou pas des locataires ?
- dans cette question des libertés fondamentales et du contrat, on cite souvent la mariage et l’arrêt Sainte Marthe : est-ce que cela vous dit quelque chose ? (le candidat ne sait pas)
- l’examinateur lui explique la cas de cette institutrice divorcée qui a été alors licenciée : la Cour de cassation a-t-elle validé le licenciement ?
- autre affaire : le Saint Christain du Chardonney licencié car il était homosexuel ? en 1978 ? (l’examinateur parle très bas)
- une autre décision concernant un boucher à Mayotte dans un supermarché : il doit toucher de la viande de porc et demande alors sa réaffectation – qu’a pu dire la Cour de cassation ?
- à votre avis, car je vois que vous ne connaissez pas l’affaire, précision faite que cela faisait deux ans qu’il travaillait dans ce rayon ?
- les fonctionnaires ont-ils le droit de porter des signes religieux ?
Que pensez-vous dans les hôpitaux, de ce phénomène de femmes musulmanes qui ne veulent pas être examinées par des hommes ? qu’est-ce que vous en pensez ?
- vous avez parlé de la prohibition des signes religieux à l’école : une croix est-elle un signe ostensible ?
- est-ce que vous ne pensez pas que dans le fond, la loi a été faite contre le voile islamique ?
- mais la loi n’est pas faite contre le voile à l’école ?
- la CEDH a-t-elle rendu récemment un arrêt sur la question ?
- pourquoi n’a-t-on pas étendu cette loi à l’université ?
- je peux vous faire cours en voile, vous pensez ?
- pourquoi, à votre avis, on ne l’a pas interdit dans l’université ?
- connaissez-vous la jurisprudence du Conseil d’État de 1992 qui valide le refus d’agrément d’adoption d’un enfant pour les témoins de Jéhovah ? (le candidat sèche, comme pour la plupart des questions)
- à votre avis, quels étaient les fondements de la décision du conseil d’État ? ( le candidat répond la transfusion sanguine)
- il n’y a pas d’autre fondement ? qu’est-ce qu’on reproche d’habitude aux témoins de Jéhovah ?
- l’adoption par des homosexuels : qu’est-ce qui a changé dans la jurisprudence européenne ?
- vous en pensez quoi de la jurisprudence de la CEDH sur l’adoption par des homosexuels ?
- J2 : il n’y a rien dans le contrat de bail sur la religion du locataire ?
- puis-je invoquer directement la CSDHLF pour demander la nullité de ce contrat de bail qui ne contient pas de clause ?
- alors, la liberté contractuelle a quelle valeur juridique comme source de droit ?
- donc pour vous, la liberté contractuelle a la même valeur que la loi si je peux annuler le contrat par l’évocation de la CSDHLF ?
- et le Conseil constitutionnel dit quelque chose de la liberté contractuelle et de son rang juridique ?
- le législateur ne peut-il pas adopter une loi d’ordre public contre la liberté contractuelle ? y a-t-il un critère à partir duquel on ne peut plus ?
- vous avez parlé de « laïcité neutre » : s’agit-il d’un problème de séparation ou un problème de primauté de la loi religieuse sur les lois ?
- dans le code pénal, on incrimine toujours le curé qui fait un mariage religieux avant le mariage civil ?
- si je remplace la religion juive par une secte dans le cas pratique, est-ce la même liberté de conscience ?
- J1 : dans l’hypothèse du Chabat, à quoi correspond cette fête ? pourquoi les juifs ne veulent-ils pas utiliser l’énergie ce jour là ? l’examinateur répond lui-même qu’il s’agit d’une journée d’activités religieuse et poursuit ; s’agissant du débat sur le travail du dimanche et de son refus : c’est une réminiscence de la religion chrétienne qui n’a pas lieu d’être – que pouvez-vous dire la dessus ?
- en fait, lors du Chabat le samedi, les commerces restent ouverts ; vous ne trouvez pas curieux que le dimanche prenne autant d’importance alors que cela devrait être un jour comme les autres ?
- vous parlez d’un retour à un sentiment religieux : quels en sont les aspects saillants ? pourquoi ?
.
Fin à 11 heures 06.
L’examen du deuxième candidat du jour se termine à 11 heures 06. Le candidat se voit attribuer une note au-dessus de la moyenne et est admis.
.
Pour le troisième sujet :
Un public de 1 personne est présent dans l’amphithéâtre. Le candidat arrive à 11h07.
.
L’exposé dure 6 minutes et se termine à 11h13. Le candidat parle à voix claire, lentement, hésite. Son exposé porte sur la mission de service public de la justice et la mise en cause de l’État lorsqu’il est défaillant.
.
- J0 : la responsabilité de l’État dans le fonctionnement du service public de la justice est difficilement reconnu selon votre exposé : pourquoi ?
- il y a une raison derrière ces textes : pourquoi exige-t-on une faute lourde en matière de justice ?
- il y a de nombreuses condamnations de la France sur le fondement de l’article 6 § 1 de la CSDHLF : est-ce essentiellement pour mauvais fonctionnement du service public de la justice ?
- la présence du commissaire du gouvernement devant le juge administratif, est-ce un mauvais fonctionnement du service public de la justice ? (ndlr : aujourd’hui, le commissaire du gouvernement s’appelle le « rapporteur public » et continue à lire des conclusions)
- y a-t-il des régimes spécifiques d’indemnisation pour certains types de mauvais fonctionnements ? (le candidat ne sait pas)
- connaissez-vous la jurisprudence de la Cour de cassation ?
- dans quelle affaire ?
- dans l’affaire Grégory, qu’y a-t-il d’important dans cet arrêt par rapport à la jurisprudence antérieure ?
- pour la famille Laroche, Bernard Laroche a été tué par Jean-Marie Villemin : qu’y avait-il de spécifique dans cette affaire ?
- l’instruction a-t-elle été bien menée ? pourquoi a-t-on accepté d’engager la responsabilité de l’État ?
- pouvez-vous nous parler de l’affaire d’Outreau ?
- la Commission parlementaire sur l’affaire d’Outreau réfléchit sur quoi ?
- qu’est-ce qu’a proposé la commission parlementaire ?
- vous avez suivi les débats de la commission parlementaire ou pas ?
- à la suite de cette affaire, des tests psychologiques ont été mis en place pour l’année prochaine pour l’entrée à l’ENM : et pour les avocats, ce serait valable, selon vous ?
- récemment, un jeune à l’ENM a été exclu et s’est immolé après deux ans d’école : qu’est-ce que vous en pensez ?
- J2 : l’arrêt de 2001 de la Cour de cassation parle de faute lourde ; à cette occasion, la Cour de cassation modifie la notion de faute lourde : s’agit-il d’une restriction ou d’un élargissement du dispositif vers la faute simple selon vous ?
- la notion de déni de justice, c’est quoi, et les deux grandes hypothèses qu’elle recouvre ?
- existe-t-il, selon vous, un moyen sur le terrain de la responsabilité pour sanctionner un juge ?
- il y a des procédures particulières pour cela : la révision ; mais sur le terrain de la responsabilité, c’est quoi ?
- vous avez parlé de l’arrêt de 2001 sur l’affaire Grégory montrant un dysfonctionnement dans le service public de la justice ; dans l’affaire d’Outreau, on passe par le disciplinaire, par le manquement au statut : est-n dans le bon régime de responsabilité ? faut-il relaxer le juge Fabrice Burgaud sur le plan disciplinaire ? sur quel fondement le poursuivre ?
- une précision : pourquoi le système de responsabilité de l’État pour dysfonctionnement du service public de la justice ne s’applique pas au Conseil des prud’hommes, ou aux tribunaux de commerce, qui certes, ne sont pas des professionnels, et contre lesquels on invoque la prise à partie, ce qui n’est pas très différent de la responsabilité de l’État ?
- J1 : la responsabilité de l’avocat : fondement, source ?
- je vous aide un peu car je vous sens perdu ; elle n’est pas engagée par le bâtonnier, mais par les clients qui se plaignent d’un certain nombre de choses : de quoi peuvent se plaindre les clients ?
- cela renvoie à quelle obligation pour l’avocat ?
- l’avocat a une obligation de compétence concrétisée par une obligation de formation continue, notamment parce que l’attente est plus exigeante de l’opinion publique : cette attente est-elle légitime selon vous ?
.
Fin à 11 heures 33.
L’examen du troisième candidat du jour se termine à 11 heures 33. Le candidat se voit attribuer une note en-dessous de la moyenne et est admis.
.
Pour le quatrième sujet :
Un public de 2 personnes est présent dans l’amphithéâtre. Le candidat arrive à 11h34.
.
L’exposé dure 12 minutes et se termine à 11h46. Le candidat parle à voix claire, et présente un plan nébuleux. Son exposé porte sur le licenciement pour faute grave et la conciliation de libertés fondamentales.
.
- J0 : concernant l’outil informatique, pourquoi l’employeur contrôle-t-il l’outils informatique de son employé ? existe-t-il des raisons ?
- tolère-t-on l’usage de l’ordinateur à des fins personnelles ?
- assurer le contrôle des salariés : mais existe-t-il d’autres objectifs ?
- et pour ce qui est de l’utilisation d’internet ? (le candidat parle du contrôle de l’accès aux sites pornographiques)
- on revient à l’ordinateur : pourquoi la consultation d’un site pornographique peut-elle nuire à l’employeur ? quel est votre argument ?
- il ya un problème de sécurité des réseaux informatiques que vous n’avez absolument pas évoqué : détaillez l’arrêt Nikon dont vous avez parlé ?
- quels sont les autres droits que la vie privée et familiale garantis par l’article 8 de la CSDHLF ?
- l’arrêt Nikon : offre-t-il des garanties spécifiques pour les correspondances ? même pour la boîte courriels professionnelle ?
- connaissez-vous une autre décision de la Cour de cassation qui pose une règle d’accès aux fichiers considérés comme personnels ? comment y accède-t-on ?
Une photographie pornographique dans le tiroir du bureau du salarié vous permet-elle d’accéder à ses fichiers personnels ?
- vous avez parlé de l’arrêt Goodwin : quel est le rapport avec l’arrêt que vous aviez à commenter ?
- n’existe-t-il pas une norme de la CSDHLF qui garanti le droit à se marier ?
- l’article 12 ; s’agissant de la vidéosurveillance des salariés, l’employeur peut-il le faire ?
- sur quel fondement ?
- quel est le régime spécifique de la vidéosurveillance dans les lieux ouverts au public ?
- J2 : une question sur l’arrêt qui faisait été de fichiers commerciaux ; le salarié revendique son statut de VRP : que veut-il dire par là ? (le candidat répond qu’il n’y a pas de subordination)
- pour ces dossiers là, c’est toujours le cas ?
- c’est une présomption simple ; l’Assemblée plénière de 2007 concernant le salarié qui reçoit des photographies pornographiques sur son lieu de travail a été valablement licencié : sur quel fondement ? (le candidat parle des revues pornographiques)
- il l’avait reçu par courrier et le service du salarié l’avait ouvert
- J2 : le vol du salarié, c’est une faute grave ou une faute lourde ?
- quels sont les cas de vols sanctionnables ?
- le vol de document par la salarié pour justifier que son licenciement est abusif : le Conseil des Prud’hommes prend ou ne prend pas ?
- si la preuve loyale est admise, puis le salarié est poursuivi au pénal pour vol de documents ?
- c’est contradictoire ; il y a une incohérence ; quels sont les droits de la défense en droit pénal ?
- J1 : de quels moyens disposerait l’employeur, y compris en amont, pour se prémunir pour ses moyens informatiques ?
- conventionnellement, peut-on contractualiser les choses ? les Chartes informatiques, cela ne vous dit-il rien ?
- un employeur a des doutes : que peut-il faire pour les fichiers personnels ?
- suffit-il au salarié de supprimer ce qui pose problème ? n’y a-t-il pas un autre moyen juridictionnel ? un article du code de procédure civile, après une demande au juge ? c’est un moyen très utile pour que l’employeur ne se voit pas rejeter la preuve qu’il présente.
.
Fin à 12 heures 03.
L’examen du quatrième candidat du jour se termine à 12 heures 03. Le candidat se voit attribuer la note moyenne et est admis.