lundi 22 février 2010

Cela ne met pas en joie.

Certains lecteurs se plaindront encore que toute vérité n'est pas bonne à dire, mais au-delà des questions procédurales et juridiques, le monde du droit souffre.
Les cabinets d'avocats ne savent plus que faire de leurs collaborateurs alors que le "marché" s'effondre.
Il ne faudrait pas penser qu'il n'y a plus de droit à faire, mais tout bonnement que l'argent se raréfie.
Il y a d'un côté un monde virtuel aux effets concrets bien connus : des traders qui vivent sur un déficit public record et toujours en expansion, qui siphonnent l'argent public, entretenant une bulle dont on entend parler chaque jour avec les cours de bourse, pour laquelle, au moins les baby-boomers ne sont pas pour rien.
Au milieu, il y a ces baby-boomers qui ont organisé un système pour leurs soins, imaginant que leur progéniture s'en sortirait sans peine, voire n'imaginant rien pour leur progéniture qui ne soit en réalité pour les conforter eux-mêmes.
Et puis, il y a le monde du droit qui nous intéresse, monde hétérogène en réalité, mais habité de gens qui ne savent plus sur quel pied danser.
Il y a quelques temps, on vous disait que la génération d'avocats d'avant guerre quittait enfin de "navire" et allait enfin laisser de la place aux plus jeunes qui ne serait certainement pas si mauvaise après, comme leurs aînés, avoir acquis un minimum d'expérience.
Mais la crise est sérieuse, et alors qu'ils annonçaient leur départ, la baisse de chiffre d'affaire de cabinets de moyenne importance a provoqué un revirement : finalement, il faut continuer, et par conséquent, ne pas libérer de place. 
À la situation acquise, il faut conserver le niveau de rémunération acquis, et cela, bien entendu, au détriment des collaborateurs. Certains cabinets, taxés de "braconniers" du droit, ne souffrent pas encore de ce phénomène puisqu'ils captent à bon compte une clientèle qu'ils ne sont pas là pour rassurer dans un monde inconnu, mais pour siphonner à leur tour.
Les exemples vont se multiplier de cabinets où les collaborateurs sont maltraités, quelle que soit leur expérience. C'est d'autant plus simple lorsque le Cabinet vit essentiellement sur la renommée de son fondateur, et que du coup, les collaborateurs ne sont pas incités à constituer leur propre clientèle.
S'ajoute un phénomène d'absence de redistribution des sommes prélevées, particulièrement par les compagnies d'assurances au titre des couvertures juridiques, les deux tiers de ces sommes ne servant pas à financer les frais d'avocats en cas de litiges, mais contituant un simple bonus pour ces compagnies.
Du coup, alors que l'État n'a peut-être pas les moyens d'injecter deux milliards d'euros dans l'aide juridictionnelle, comme cela a été le cas récemment en Grande-Bretagne, afin de soutenir les avocats, en France, se sont les collaborateurs qui trinquent dès à présent.
Les contrats de collaboration ne sont pas des contrats du type CDI, et le terme d'un contrat peut être vite trouvé, les arguments étant légion, la simple perte d'un procès d'un client important étant suffisant pour terminer rapidement un tel contrat. Certes, l'avocat "sanctionné" aura recours au Bâtonnier, mais entre-temps, de quoi vivra-t-il ? Se sera-t-il pour autant constitué une clientèle en mesure de le faire vivre ?
Autre façon de gérer la baisse sensible de chiffre d'affaires : baisser autoritairement le montant de la rétrocession d'honoraires, pour par exemple, la faire dégringoler de 7.000 à 4.000 euros, ou de 4.000 à 3.000 euros...HT. Mauvaise ambiance à prévoir dans le Cabinet et soucis majeurs pour les collaborateurs qui viennent d'emprunter pour acheter leur habitation principale.
Cette situation, fruit de multiples facteurs anciens, ne trouve toujours aucune solution, et de l'autre côté, le déficits de magistrats n'arrange rien à l'affaire.
Peut-on raisonnablement penser que les arrêts de la Cour de Strasbourg changent cette situation ?
On en doute.

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